C’est un chantier brûlant d’indécence Où des filles nues se vendent Contre trois pas de danse Dans la clarté lunaire
Le long du Rhône Aux heures tardives On éteint les lampadaires Et la musique de nuit Résonne comme Un jeu d’accordéon pourri
D’une poche un client Sort quelques billets
Conduis-moi supplie-t-il Du côté de Cythère A la catin docile Comme s’il pouvait lui plaire
Elle le déshabille Puis l’entraîne avec elle Jusqu’au Bouveret A la jonction du fleuve Et des eaux du Léman
Sous le ciel étoilé Les prostituées Sans le savoir Se déifient
Malheur à qui se rirait De ces belles de nuit Travailleuses du Rhône Que les Tartuffe fuient Et que l’histoire à l’évidence Depuis l’aube des temps Par pudeur Ou par ignorance Ne retiendra jamais