Le bonheur disait-elle Réside Le plus assurément du monde Dans le déménagement
Elle vit à présent Loin de la capitale Dans une maison giflée Tous les jours de l'année Par les vents marins Et les odeurs salines
Deux chiens de pierre blanche Comme on en voit parfois Sur des pierres tombales Occupent la fonction De gardiens du perron
Si le temps Lui paraît clément Même au coeur de l'hiver Elle se rend sur la plage Et contemple la mer
Parfois sous son nez Passe un chien plus vivant Que les siens Il appartient sans doute A ce promeneur inconnu Qui semble toujours perdu Dans ses pensées
En ces heures éloignés Des obligations mondaine Les fragrances rudes et saines Du littoral Lui remplissent le coeur De souvenirs d'enfance Et sa solitude Est devenue immense
Elle pleure souvent Les disparus dont l'absence Est ce cadeau empoisonné Qu'offre en sa cruauté Chaque jour qui passe
Quand l'ennui Mortel l'envahit Elle relit Une fois encore des pages De l'histoire du monde Qu'elle finit Par savoir par coeur