Nous sommes de fer De rouille Il manque de l'huile Dans nos rouages Nous sommes de bois De papier De carton Mais nous n'en avons cure Et personne ne paraît Que du contraire Se plaindre de notre âge
On nous sous-pèse On nous tâte On vieille à baisser les prix Que nous ne valons pas Puisque nous ne servons plus Qu'à panser les plaies De leurs nostalgies
Ils nous guettent du coin de l'oeil Ils nous convoitent
Verres ébréchés Plateaux écaillés Cuillères oxydées Chevaux de bois qui boitent Poupées désarticulées
Un doux chant volète Dans le ciel bleu A notre aplomb Les acheteurs sourient Nous tenant sous le bras Jusque dans leur maison
Puis ils nous oublieront Nous éloigneront d'eux Et nous ne savons pas Ce qu'en leur purgatoire Nous deviendrons