Anne ma soeur Anne Du haut du donjon Que vois-tu venir A l'horizon
Je vois des chiffres et des lettres Un grand chaperon rouge Un énorme Poucet Des ogres minuscules Des loups pitoyables Un essaim d'abeilles Et de guêpes mêlées Par sainte Solidarité Des soldats déguisés En animaux sauvages Les résidus d'un ouragan Un vol d'oies sauvages Je vois du linge décoloré Un défunt embaumé qu'on porte sur un pavois Un vicomte pourfendu Du type italocalviniste Et je vois la nuit mince qui vient Comme une chevelure Et qui s'étend sur la forêt voisine Tandis que le ciel partout ailleurs Reste clair comme l'eau de roche Qui coule sur mes mains Et dans laquelle parfois je lave Minutieusement Les heures sombres du destin