Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jacques AADLOV-DEVERS

Les Visiteurs 4 - En croire ?

I
En croire??!
Vous faut-il donc un bout de suaire,
Des os, des croix, des chairs précaires,
Pour rassurer vos cœurs, pour croire??
Pourtant la foi n’est pas mémoire,

Elle n’est point relique ou loi,
Mais feu secret qui brûle en soi.
Combien d’histoires vous faudra-t-il,
De martyrs morts – puis revenus??
Canoniser chaque évangile,
Miracles dits « sacrés », confus??

Vous faudrait-il quelque école immense,
Une équation trop savante,
Pour contempler, dans le silence,
Le Symbole au centre qui nous hante??

Vers la lointaine marge céleste,
Du bout du ciel, un télescope??
Pour voir qu’au-delà, il nous reste
Toujours un Dieu… ou bien l’œil myope.

Et vous cherchez, pour croire encore,
Une preuve cartésienne, un corps??
Un petit morceau de suaire,
Même s’il n’est ni vrai ni clair??

Au lieu d’écouter, en silence,
Ce que le cœur vous dit… ou non,
Vous réclamez la démonstrance,
Quand la foi parle sans raison.
________________________________________

II
Vous êtes un steak, un steak qui parle,
Un robot bientôt cloné??
Un « bon hasard » sorti des marges
D’une chaîne aux ratés innés.

Mélange obscur de molécules
Qui, un jour, se sont dit?: allons,
Faisons cellule, âme minuscule,
Et toi, deviens le nucléon?!

L’Amour… chimique fantaisie??
Le Rêve… un quatrième état??
Après la fureur, l’extasie,
Après… mais quoi donc, après quoi??

Ces questions vaines, sans réponse,
Font croire au mi docte-savant nu
Que désormais la Science fonce
Et sait ce que les sages n’ont su.

Oui, nous avons des drones, des clones,
Des avatars pour nous doubler,
Et le nouveau rêve des hommes
C’est d’être enfin « upgradés » !

De ceux qui croient la vie ultime
Quand leur « esprit », téléchargé,
Logera un PC sublime,
En plastique « Immortalisé »

Et ceux qui n’ont plus temps de lire
Ce que les sages ont écrit,
Poursuivent leurs fiers délires?:
« Science sans âme et sans esprit ».

Toujours besoin de suaires, de croix,
De belles histoires littéraires,
Pour voir ce que leur âme ne voit,
Pour croire à des reflets précaires.

Quel grand miroir vous faudrait-il
Pour voir l’Homme, au fond, fragile??
Avant de vous coucher le soir,
Sans tête, sans cœur, sans foi, sans gloire…

Et quelle excuse vous inventez?:
« Pas le temps de lire et de penser »??
Et vous croyez vraiment la ruse?:
« Ne pas choisir, pour s’échapper »??

Mais l’Apocalypse est dans l’âme !
Le vrai savoir, son grand combat…
La mort n’est qu’un rideau de flammes
Qui tombe, et chacun s’exclame,
Trouvant la Scène ultime en soi.


________________________________________

Visiteurs 4 – La Vraie Foy

Scène – La Salle du Château

(Dans une grande salle, Godefroy médite devant un crucifix. Jacquouille entre en traînant les pieds.)


JACQUOUILLE
Messire, messire?! Encore a l’air tout pensif,
Vous ruminez ainsi qu’une vache au massif.

GODEFROY
Tais-toi ! Vilain manant, je songe à la vraie foy,
Ces gueux veulent des preuves, des os, des suaires, des croix.

JACQUOUILLE
Bah, moi j’veux bien y croire, mais si j’ai d’la bidoche,
C’est mieux qu’un crucifix, j’préfère un bon mioche.

GODEFROY
Nigaud?! La foy n’est point affaire de reliques,
Elle vit dans l’âme, en silence, sans cliques.
Ni charabia de clercs, ni calculs de sorciers,
Mais l’élan du cœur pur, loin des froids cahiers.

JACQUOUILLE
Les équations, messire, ah?! j’y comprends que dalle,
Déjà qu’compter mes orteils me met en cavale.

GODEFROY
Et ces gueux d’aujourd’hui veulent cloner les hommes,
Bâtir des engins fous, défier ce que nous sommes.
Ils rêvent d’enfermer leur esprit de lumière
Dans des boîtes en fer-plastique, des machines de poussière.

JACQUOUILLE
Des boîtes de fer??! Comme un chaudron magique??
On met la cervelle au fond, et hop, ça mijote unique??

GODEFROY
Nenni, pauvre crétin?! Ils nomment “ordinateur”,
Ils croient y découvrir là l’éternel bonheur !

JACQUOUILLE
Ah ben, vivre à jamais enfermé dans une boîte,
Merci bien?! J’suis déjà trop serré dans mes côtes.

GODEFROY
La vraye Apocalypse n’est point ton potage,
Elle brûle en l’âme, éclaire du feu de son passage.
La mort n’est qu’un rideau qui se lève en flamme
Qui s’ouvre sur la clarté des vérités de l’âme

JACQUOUILLE
Un rideau tout en flammes??! Faut pas tirer dessus,
Sinon la tapisserie s’envole et n’y est plus?!

GODEFROY
(soupire) Par ma barbe, tu restes irrécupérable.

JACQUOUILLE
Ben quoi, Messire?? Moi, j’crois qu’au vrai palpable?:
Un repas bien garni, une chopine en main,
Et si Dieu veut parler, qu’il m’le dise sans frein,
Pas besoin de grimoires, ni d’vos grands sermons,
Qu’il vienne à ma table et partage mes jambons?!

GODEFROY (solennel, levant les yeux au ciel)
Faut-il des os, des croix, des saints suaires anciens,
Pour croire au Ciel sans preuve et sans calcul humain ?
La foi n’est point affaire d’reliques, d’arts enchanteurs,
Mais feu secret qui luit au plus profond des cœurs.

REFRAIN (chanté par les deux, Godefroy grave, Jacquouille faux)

Ô fols humains, qu’est-ce que vous cherchez ?
Le Ciel est clos à qui n’a cœur ouvert et vrai !