Vos
poèmes

On s’était rencontré, sous la pluie.
Moi, trempée de gouttes de pleures.
Toi, ne possédant que ton destin.

De la solitude miteuse de la nuit.
On s’était dérobé, une maigre heure.
En faire secrètement, un chemin.

Percé de milles abîmes, aussi la vie.
De nos pas comble ses blêmes misères.
Tu m’avais, librement détenue la main.

Dans la tienne, et sous ton parapluie.
En sourdine, causaient nos regards.
Et j’avais imploré tous les saints :

Ne jamais apaiser l’averse de minuit.
Encore lointaine rester ma demeure.
Et que ce paisible silence soit sans fin.

Mais, les brumes et le soir s’étaient enfuis.
La claire lune nous avait peints de stupeur.
Devant les haies et les barrières d’un jardin.

Aussi s’étaient tus nos regards, et un bruit.
Eveilla nos mots somnolents. D’un murmure.
Tu avais résigné à balbutier un : « A demain »

Délaisser ma main, refermer ton parapluie.
Et je m’étais entendue bafouiller : « au revoir. »
La voix agrippée aux lambeaux du chagrin.

Seule, prenant sur mes peines un appui.
Je t’avais perdu aux brouillards de l’hiver.
Comme on perdait un souvenir ancien.

Ouvrant les yeux, une lumière m’éblouit.
Et j’ai pressenti mes souffles sur ton cœur.
Savourant la paix d’être toujours le mien.