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Hubert-Tadéo Félizé

Allongez avec les mensonges de la vie

1.

Je suis un jeune garçon aimant la vie,
Et sans résistance, j’ai erré de rue en rue,
Dans ma poche, une vieille photographie
Tendresse de ma mère, tendresse à la vue
De ce cliché, place Clichy, assis sur ce banc,
De vieilles promesses qui me mentent, -étonnant,-
Comme la compagnie d’étrangers au regard franc,
Me semble la meilleure solution à mes peines,
J’ai dans mon cœur tant de peine, tant de haine,
Je sais que ce soir je coucherai sur un banc.

2.

Je suis un jeune homme de trente ans,
Au gré de mes errances, j’ai rencontré une foule
D’habitué aux dortoirs de la rue des Martyrs,
Dans ma poche, une photographie d’il y a dix ans,
Craquelée comme ma vie dans un jeu à la tire,
Où je n’ai plus rien à gagner dans cette foule,
Qui reste si éloignée de nos tracasseries,
Je contemple un vieil homme qui sourit,
Demain il ne sera plus là, la mort sûrement
L’emportera, et ce soir je coucherai encore sur un banc.

3.

Je suis un vieillard à présent, je rejoins
Mes compagnons d’infortune proche de la gare,
Un squat retrouvé, un brasero pour les doigts joints,
Réchauffe la vieille corne au bout de mes escarres,
Vous savez je ne suis pas le plus malheureux,
De tous ces gens en lambeaux dans la rue,
Le froid nous assaille, et on se réchauffe un peu,
Entre amis, et cette vieille photo jaunie, à ma vue,
Ressortie de ma poche, bat le cœur que j’entends,
Ce soir, un vieillard mourra encore sur un banc.

Épilogue :

Allongez avec les mensonges de la vie,
Le regard vide, je pars sans grande envie.