Le berceau attend, guettant que la chaleur emplisse le masque de mort sur les draps, qu’elle se pose, comme la poussière, sur ses os endormis— un lit orphelin de corps que la terre dévore tout entier, sa bouche affamée, intacte, n’a jamais su l’art de pleurer.
[Ses mains vacillent, comme si le monde n’avait jamais été fait pour être tenu, un coup s’arrête dans l’air, un vertige s’insinue dans la trame fragile des décombres empilés sur l’écho d’un battement éteint. Vous dressez vos drapeaux effilochés dans leurs coutures, dégouttant d’encre au vent, cousant en sang leurs enfants, des fils comme des crochets cherchant
à désarrimer la matrice de l’eau. [Et moi, je me tiens au bord de lui, un frisson dans le vide, ses mains encore faisant frémir la lumière, j’arrose les cendres, comme si l’amour pouvait renaître d’une faille, et qu’il nous suffisait de souffler sur le verre. Je cherche le pouls, espérant arracher du fil une flamme éparse dans le froid sous la poudre de trop de matins blindés de portes qui toujours s’ouvrent, mais jamais ne trouvent de sortie.