Je suis la misère errant dans les rues, Des os sans la chair sous un vent têtu, Un frimas d’enfer de ses doigts crochus Enserre un soleil noyé dans son pus,
Pantin claudiquant qui claque des doigts, Je valse parfois, une jambe en bois Et l’autre chaussée dans un escarpin, Chasseur sans pitié, je traque la faim,
Le crâne luisant, le regard dément, Les lèvres tordues comme une blessure, Je joue du pipeau avec un fémur, Les cris des corbeaux ébauchent un chant,
Parmi les gravats ornés de cadavres, Tout en grelottant, je rêve d’un havre, Un oeil dans la nuit aux éclats lunaires Eclaire sinistre un vaste ossuaire,
Je suis la misère errant dans les rues, Eternel mendiant des vieux cimetières, Ma seule compagne aux rictus amers Ramasse le corps du pauvre inconnu,
Mais vous les repus, mais vous les sans foi, Un soir en hiver dans votre coeur froid, Je viendrai à vous quand vous serez las, De votre miroir, le jour s’en ira.