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Giovanni BENINI

Partie de chasse

Exorbités de haine et de furie,
Le sang du courroux coule de leurs paupières,
Les héritiers sans souvenir chevauchent des éclairs
Aux machoires de crocodile
Qui feulent dans un ciel suintant de lèpre,
Ils arrachent les mamelles siliconées
Des icônes liftées dans leurs aquariums numériques,
Puis, étouffent quelques agioteurs millionnaires
Sous des citrouilles sponsorisées.
Certains vont souffler dans l'anus des noyés
Des fumées de tabac arômatique
Et les macchabées en transe
Se mettent à crawler.
«  Ne lui donne pas un poisson mais apprends lui à nager »
Mais où sont-ils les poissons, Lao ?

Les plus féroces des éphèbes imbibés d'oxy
Empalent des climatosceptiques nus sur des cactus géants
Qui transpercent le bitume des villes en chaleur.
« In the heat of the night » marmonne un Oedipe grassouillet
Au teint cireux comme des pompes
Tout en flagellant un prêtre à la robe souillée.
« T'as oublié une lettre à verger, sodomite
Et t' as perdu l'Eden ! ».
Quelques tonitruants macaques éconduits
A la casquette décervelée
Incendient les bibliothèques
Où des clercs binoculeux en déprimante calvitie
Voudraient s'arracher les tifs.
« Construire une école, c'est fermer une prison »
Et l'école, une pouponnière où l'on apprend à rester bébé,
Une arène féroce où des gladiateurs nubiles
Se bousillent à coup de laser virtuel,
Où es-tu, Victor ?

D’un sanatorium cyclopéen sortent des legging fluorescents,
Teint halé, peau huilée, cheveux hennissés,
Buvant l'air saturé de sulfate et d'amonium.
Telle Artémis, elles chassent les années qui les ont fuies,
Insidieux, les centipèdes sèment des cancers
Dans leur corps magnifiés,
Des grognements de zombies hébétés gonflés d'héroïne
Les poignardent d'un rictus édenté,
Des frênes à la peau craquelée pleurent leurs feuilles malades.

Des junkies lysergiques en planeurs décharnés
S'élancent cuinant des HLM saccagés
Tandis que des orphelins convertis au salafisme porcin
Décapitent des golfeurs centenaires
A coup de clubs patiné d'or
Sur les gazons où copulent des autistes et leur miroir.

Des meutes hystériques de jeunesses sacrifiées saccagent les luna park
Dans des fracas dantesques en déclamant la gavrochaine :
“ S'il n' y a plus de terres, c'est la faute à nos pères
Si se meurt le ruisseau, c'est la faute aux vieux os,
L'avenir n'a plus de temps, volé par les revenants,
Le futur est passé, à la casse, périmé.”

Et dans un ciel en agonie,
Tornandes, tempêtes et ouragans
En redoutables Walkyries
Dévastent dans des hurlements
Ce monde et ses figures atroces,
“Plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien”.

Baissez les rideaux, William.