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Giovanni BENINI

Nemesis

Monseigneur Casimir, un pieux bienfaiteur
Se permettait parfois de saines distractions
Après ses confessions et ses vibrants sermons,
Ses mortifications en hommage au seigneur,
Il s’était découvert un sobre violon d’Ingres,
Etudier sans passion les mœurs des animaux
Et l’objet de ce jour pouvait sembler malingre,
Deux  simples araignées pendues à un ormeau.
De sa crosse bénie, il retira la noire,
La posa sur la toile où sommeillait la blanche,
En un éclair baveux, l’amphitryon sécrétoire
Se rua hérissé comme un furieux comanche.
Les deux bélligérants dans leur danse de mort
Tels d’ effrayants titans combattirent, féroces
Avec application et manoeuvres atroces
Jusqu’à l’instant fatal que désigna le sort.
L’intruse de couleur en migrante faiblesse,
Se figea résignée sous les coups de l’ogresse,
La voilà ligotée livrée à tout supplice
Sous l’oeil effarouché du buveur de calice
Qui se met à songer à l’agneau innocent
Immolé chaque année en serviteur souffrant.
N’entend-il pas dans les buissons ces grognements,
Ces chuintements visqueux dans un échos haineux,
Ne sent-il pas son corps frissonner, haletant
Et cette haleine acide autour des épineux,
Pourquoi ne voit-il pas sous la lune crissante
Cette ombre fielleuse d’une toile géante?

Casimir disparut le soir d’un bel été,
Son missel balançait sur un fil argenté