Qu’ils fassent de leur corps un mur contre la haine, Qu’ils calment les vagues dans leur fureur obscure, Qu’ils dévient le harpon pour sauver la sirène Ou soufflent l’ouragan loin des architectures,
Chaque jour, chaque nuit, ces travailleurs de l’ombre, Des somptueux sérails aux sordides cambuses, Accomplissent l’œuvre, toujours dans la pénombre, L’œuvre de justice dans l’arène confuse.
Aux yeux du démiurge, ils justifient le monde, Tels de puissants piliers, ils soutiennent la terre, L’empêchent de sombrer dans ce chaos immonde Où glapissent, affreux, les chiens de Lucifer.
Anonymes Persée, laissés dans l’ignorance, Ils s’enfoncent sans fin dans les gouffres du Styx, Trente-six cœurs vaillants dans la méconnaissance, Ils forment la légion des purs Lamed Vovniks.
