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Giovanni BENINI

Les démons de Géraza

Il venait d’un désert où les pierres gémissent,
Son verbe fracassait les mirages spécieux
Où se cachent toujours les mensonges miteux
De ces vies insensées d’envie et de malice,

Il avait accompli tant de miracles vains,
Incrédule, la foule avait haï le saint
Qui n’épargnait jamais leurs appétits immondes,
Prophétisant qu’un jour, ils détruiraient le monde,

Un jour, un possédé, hôte des cimetières
Où s’en vont séjourner les passions éphémères
S’en vint le supplier de ne pas le sauver
Car son esprit impur devait le tourmenter,

N’avait-il pas causé d’excessives souffrances
A tous les habitants du bienheureux hameau?
Lèpre, peste, famine et tant de turbulences,
Jalousie, trahison, vol et autres maux,

« Si tu m’expulses », fulmina le réprouvé,
« Laisse-moi entrer dans ce troupeau de porcs
Car nous sommes légion à endurer ce sort,
En moi sont assemblés de nombreux sacrifiés ».

Dans un vacarme inouï, la horde frénétique
Se jette du haut de la falaise sévère
Vers les eaux rageuses aux clameurs horrifiques,
Démoniaque orphéon revenu des enfers.

Le village en effroi accourt vers le messie
Exigeant instamment qu’il s’en aille au plus loin,
«Epargne-ces démons, nous en avons besoin
Pour qu’ils nous protègent de nos propres folies,

Sans quelques innocents pour apaiser la haine
Qui tel un noir poison s’écoule dans nos veines,
Nous péririons tous dans le feu inextinguible
De nos convoitises sans doute irrémissibles ».

A Géraza, Jésus entrevit son destin,
Sur la croix des martyrs au Golgotha prochain
Jusqu’à la fin des temps où régnera le vice,
Celui qui se nourrit d’innombrables supplices.