Le tarot du taré*
Dans sa barque solaire qui a la forme
D’un crocodile en érection,
Chaussé de babouches frisées,
Anubis s’invente tous les jours des nouvelles pupilles
Pour mieux observer les cratères lunaires
Où s’épile une guenon avec la pince d’un crabe vaticinateur,
Le jour se renverse sur la tête d’un éléphant en chasuble
Qui prêche la tempérance
Tout en dissimulant un fiasque de Chianti dans son oreille
Que tâte un aveugle à la recherche d’un éventail,
« Regarde ton futur dans un miroir où défilent les jours »,
C’est un conseil de Pudibond Rebondi, l’apothicaire
Aux onguents de baleine échouée
Sur le comptoir d'un bistrot où de vieux briscards
Pataugent dans une mousse de bière,
Tiens, voilà le moine capucin et sa lanterne magique
Toujours à la recherche du temple foudroyé,
« Mais mon vieux, tu arrives encore trop tard !»
Lui souffle un scarabée nécrophage,
« C’est en sapajou que tu te verras partir dans l’arbre
De la connaissance du bien, parfois, du mal, souvent »
Enroulée de serpents, Lillith découvre sa nudité
Et insulte une papesse barbue
Adepte de la simonie,
Nabuchodonosor sur un cerceau volant
Poursuit un rat qui lui vole son fromage,
« L’avenir de l’oeuf est dans l’omelette »
S’exclame un perroquet à la voix de Cagliostro,
Le rideau s’abaisse sous les huées
Et le public regagne ses cellules capitonnées
Tandis qu’un rire faustien éclate en écho
Dans une salle vide
Comme un rêve sans conséquence spéciale,
L'ombre du docteur Cagliari
S’étend à l’infini
Sous une lune agressée par des corbeaux sodomites.
*Astrologue à la réputation galactique, le narrateur fut interdit de pratiques divinatoires suite aux soupçons de zoophilie sélective (dénoncé par le ministère de l'égalité des chances), bien pire, pour avoir enlevé et séquestré un plombier hydrophobe qui refusait de réparer une fuite(dénoncé par le ministère de la santé mentale), malgré sa faculté X, il fut incapable d'anticiper l'opprobre.
Il termine son séjour terrestre dans l'aile psychiatrique d'une séniorie mondialement appréciée pour ses services bancaires, ses celliers et ses interminables célébrations eucharistiques où chaque valétudinaire peut à sa guise y terminer un sommeil réparateur, il s'agit, vous l'aurez deviné sans peine, du Vatican...
