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Giovanni BENINI

Le feu

Quel frisson affolé frémit comme une flamme
D’un ineffable feu aux fascinants fantasmes,
En enfer, peut-être, fut-il envisagé,
Quand bouillant de désir, Orphée se trémoussait,
En sanglots, sa lyre convoquait les fantômes
D’incandescentes chairs désormais économes,
Dérobée, l’étincelle a-t-elle, Prométhée,
Affiné l’esprit ou ravivé la folie,
Les buchers des vanités n’ont-ils pas suivi
De tous tes successeurs les quêtes insensées?
La phalène enflammée en braises éphémères
Guida dans le volcan Empédocle impatient,
Flambant dans la fournaise aux spasmes de colère
Où l’amour et la mort s’enlaçaient en tourment.
Mais, fécond forgeron aux mille pierreries,
Alchimiste précieux aux mille rêveries,
Le feu ensemença le ventre de la terre,
Elle accoucha de l’or, de l’argent et du fer,
Q’un être autophage, d’Hermès, digne héritier,
Des siècles ténébreux, pillera sans pitié,
Jusqu’à ce qu’un désert en censeur insatiable
Recouvre la terre de son suaire de sable.