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Giovanni BENINI

En terre étrangère

Les fenêtres sont muettes
Comme des masques sans visage,
Les murs et les rues balayés
Par les virevoltants du sommeil
Qui sifflent en roulant dans la nuit,
Au loin, les nuages s’étirent
Comme des gants de caoutchouc,
Couché sur le flanc droit,
L’air étend sa fatigue sur les trottoirs lépreux
Et des bruits de tôles lacérées
Jettent le calme dans un puits de terreur,
Fragiles, encombrés de ferrailles,
De papiers souillés et de canettes baveuses,
Les ponts tremblent comme des araignées d’eau
Puis se figent
Et les yeux morts d’un homme,
Là, au bord d'une berge
Se fixent sur un cadran gris
Où des aiguilles, les bras en croix,
Circulent dans un espace
Interminable et inutile.