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Giovanni BENINI

Eglogue

Ce matin, que la campagne était belle!
Des paupières bleues du ciel s’épanchèrent
Des papillons vrillant en étincelles,
Ephémères enfants des rais solaires,
La forêt bruissait de choeurs enchantés,
Les arbres s’enflaient en blanches ombelles
Où s’étaient réfugiées des hirondelles,
Sous un vent ravi, les feuilles flânaient,
Les saules têtards aux bords des rivières
Se courbaient tels des bossus sans visage,
Les berges scintillaient comme du verre
Et les fiers hérons suivaient les sillages
De poissons inquiets glissant sur la vase,
Les joncs chuchotaient sur les eaux dormantes
Ployés sous un vent frémissant d’extase,
Un passant devant la fresque charmante,
Voudrait tant l’enfouir au fond de son coeur,
Eternelle image d’un pur bonheur,

Mais déjà, au loin, le ciel s’est couvert,
Une ombre souffle toutes les lumières,
L’orage furieux déverse la nuit,
Et sa bouche noire disperse la pluie…

Ce matin, que la campagne fut belle!