Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Giovanni BENINI

Chaque nuit

Chaque nuit, noir vêtue, dans son patio austère,
Assise et immobile, une automate en deuil,
Que voyais-tu au loin par ce rugueux hiver,
Etaient-ce ces vieux trains sombres comme un cercueil ?

Quel fantôme amoureux initiait la sirène
Qui, plaintive, appelait les voyageurs en peine,
Ces ombres condamnées à traîner sur le quai
Dans l’espoir d’un départ à jamais ajourné.

Ces visages brumeux n’étaient-ils qu’illusion
De souvenirs figés d’une ancienne passion
Quand, jeune, tu charmais, les cheveux en bouquet,
Ces serpents sauvages et ces tigres sacrés?

Maintenant, tu scrutes sous les lointains portiques,
Deux corps entrelacés, pétrifiés par la lave
Qu’expulsent, endiablés, ces amours volcaniques
Qui défient le temps et finissent esclaves
De leurs désirs brulant comme une étoile errante
Dans l’obscur infini que ta mémoire hante.