Vos
poèmes

Flanons, batifolons comme ces papillons,
Les ailes offertes aux faveurs du soleil,
Croquons dans les vergers ces pink ladies vermeilles,
Sur les sentiers, marchons au pas d’un limaçon,
Suivons tout en grâce, les ballets des hérons
Dans l’azur étourdi où paissent les nuages,
Goûtons le miel versé des étoiles sauvages
A nos rêves ravis de perdre la raison,
Savourons de la vigne aux mamelons suaves,
Cet exquis élixir excitant le désir
Sous les doux baisers des lèvres du zéphir,
Quand nos sens enivrés tutoieront la folie,
Nous irons à la mer contempler l’infini,
Chevaucher ses arches de vagues inouies
Ecouter, recueillis, les orgues engloutis
Mugir en crescendo une fugue obstinée.
Oisiveté, l’es-tu, cette mère des vices ?
C’est en fils dévoué que je te saluerai !

Plantons-les ces bigots et leur pesant cilice,
Idolâtres chagrins de ce mal abhorré
Labeur, travail, corvée, quel démon t’a conçu ?
Serait-ce un seul serpent qui t’aurait suscité,
Un mauvais démiurge d’indigestes vertus,
Quelques misanthropes atteints de moralite,
Redoutable virus aux effets effarants
Qui transforme en esclave un valeureux hoplite ?
Faut-il haïr la vie et ses excès féconds
Pour ainsi l’asservir aux lois des pudibonds !
Chanoine Le sueur au nom prédestiné,
Garde tes préceptes pour ces séminaristes
Qui certes deviendront de froids capitalistes,
Formidables baveurs d’infâme fatuité.

J’irai, quant à moi, bercé dans un hamac
Rêver avec langueur au fleuve potomac,
Ses saumons sautillants tels les nobles peaux-rouges
Dans la fraicheur du soir au doux chant des carouges.