Un Renard effilé, rusé comme un huissier, Arpentait la rivière en quête de dîner. Son flair le conduisit jusqu’à l’eau miroitante, Où nageait une Truite, vive, insouciante.
— « Belle amie des ruisseaux », dit-il d’un ton mielleux, « Que diriez-vous, ce soir, d’un repas amoureux ? Je puis vous faire voir les vergers, les collines, Et vous conter des vers au pied des aubépines. »
La Truite s’arrêta, battit l’eau de sa queue, Et répondit : — « Mon cher, j’ai vu cent beaux filous. À trop suivre la voix des bêtes aux yeux doux, On finit dans un sac, les branchies en dessous. »
Le Renard insista, minauda, fit le beau, Mais glissa dans la vase, et tomba dans les eaux. Il crut nager, coula, puis, les poumons en feu, Regretta les canards — eux au moins sont des dieux.
La Truite, d’un bond sec, regagna la cascade, Et laissa sur la berge un pelage en panade.