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Fredrik SVENDSEN

L'homme

La tête de turc du village,
Que l’on disait antipathique,
Nous contait au travers d’images,
Toutes ses maladies chroniques.
Les gens le laissaient bien causer,
Sans même prendre la peine d’écouter,
Et le dimanche mettait au tronc,
Une pièce pour la compassion.
Il était parfois dit de lui,
Qu’il était hypocondriaque,
Les femmes en allant au puits,
Riaient de son air de macaque.
Même le prêtre n’entendait pas,
Ses tristes prières en confession.
Quel intérêt de faire cas,
De ce vieil homme sans condition ?
A qui lui donnait une pièce,
Comme l’avait ordonné le Christ,
Devant l’église les jours de messe,
Il rendait vite un regard triste.
Mais pour l’oreille non égoïste,
Pour celle que le malheur attriste,
Il rendait un sourire divin,
Qui réchauffait mieux que le vin.
Il paraissait toujours vouloir,
Venir se blottir sous votre aile,
Et il baissait ses grands yeux noirs,
Devant les femmes à ombrelles.
Enfin sa tristesse fut comprise,
Le jour de son enterrement,
Quand on appris que sa promise,
Était morte d’un enfantement,
Sa femme et son enfant en terre,
Il alla rechercher sa mère,
Qui était malheureusement,
Morte deux ans auparavant.
Alors si un jour vous voyez,
Un de ces hommes fourvoyés,
Un homme qui pleure au mot de mère,
N’attendez pas qu’il soit en terre.
Alors si vous voyez un jour,
Un de ces hommes en manque d’amour,
Un homme qui pleure au mot de mère,
N’attendez pas qu’il soit au père.