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Fred GUERLAVA

Verlaine cent vies

Haut les cœurs aux tréfonds, cinquante et une années
Sur le prince des mots malchanceux et homo
Le nommé Verlaine mon alter ego
De quatre lames aimantes assassiné
Je ne cherchais que la vérité de la transe sacrée

Etincelle amoureuse de tes yeux, cousine
Tout ce qui m'est donné ce mur lisse silencieux,
Froid, les perles de rosée glissent,
Un à un les émois s'éteignent crient famine
Où sont les étincelles d'enfants mes joies
Maudit soient ces unions normées, et l'opprobre
Qui l'éloigne de moi malgré l'ivresse sobre

Il te restera à jamais dévoué même si noyé
Fallait-il que l'hôte noire t'arrache à ce bal
T'étreigne t'empoigne jusqu'à ton dernier râle ?
Alors c'est princesse absinthe qui Verlaine saisi
L'enivre d'une danse endiablée, valse amnésie

Pour le drame de sa vie Elisa est partie
Pauvre Lelian, naïf mari père infortuné
Le coup d'éclair de l'esprit c'est la lumière d'Arthur,
Rimbaud rime avec homo, frasques et aventures
Sombre Mathilde courtisée mariée violée

Le jardin à la française pour les fiançailles
Comme deux oiseaux de paradis en cage,
Les amants se tiennent par le cou, la taille,
Deux étalons s'ébrouent, paradent, bien sages,
Prélassent, goûtent aux douces prairies argentines
Leurs cris résonnent, hennissements honnis
Deux pur sang ils se mesurent à l'aune des mots,
Même s'il n'en est de plus haut, de plus beaux

Ô démon de valse éthylée,
Mère t'ai-je vraiment étranglée !
La routine, conjugale euthanasie,
Il fallait exorciser ce mortel ennui
Mon foyer en cendre cette balle de plomb tirée au jugé m'aura perdu
Rimbaud blessé au poignet Verlaine tué au cœur
De ma cellule infâme Arthur mon ange déchu

Ô Dieu, Verlaine c'est moi lui réincarné
C'est lui mon passé
Moi, Verlaine, pisse les versets à tous les minets
À ces bourgeois qui m'ont emprisonné
Le poète maudit haine et mourut ruiné
Je ne suis Roi ni prince ni homme de loi

Juste un pauvre hère qui retourne à la terre
Fleurir la friche de mon cœur en jachère
Dans les champs où le labeur laboure
Et dessine en sillons déliés mon amour,

Lucien, nous voilà marins de campagne
Lui mousse, moi capitaine au long cours
Le temps n'est plus aux pleurs, le temps c'est les saisons
Plus de plumes écrasées en rages déraison
De crise ethyl à se frapper aveugle et sourd
Mais à serrer contre moi ce doux compagnon
De mauvaise graine voilà meilleure moisson

Mais ce soir d'automne lugubre
Quand le vent froid prémisse d'hiver
A jeté ce pigeon mourant à l'aile arrachée
C'était le sort, la mort incarnée,
Le mal qui se rappelait

Notre fragile frégate alors s'éventrait
Les flots amers me vomirent à la rue en sang
Comme tu agonisais dans mes bras impuissants
Seul au monde, déshérité de toute passion
Rien ne surnage que de misérables émotions

Putains, votre promiscuité, ma bouée
Ne méprisez jamais une prostituée,
Catin, dernier refuge du poète esseulé

Ainsi naquit Verlaine, amant à la peine,
Ainsi mourut Verlaine, en amour haine