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Fabrice KRIEGER

Les semelles de vent

Je m’en allais selon la route qui déserte
Les cités. Et malgré les désaccords du vent,
Je marchais à grands pas, des jours, des nuits à perte
De vue. Dans mon cœur gros, c’était l’été souvent.

Compagnons de déroute, ô chers arbres voyers,
Vous saviez m’offrir gîte et couvert aux beaux âges ;
Feuilles et fruits tombés, l’automne là, voyez,
Vous semblez en chemin comme un vol d’oies sauvages…

Soleil, tour après tour, tu riais, mon ami ;
Mais en ces bas ciels gris, et gris à l’infamie,
Tu te caches derrière un tissu de mensonges.

Dans la campagne nue, de par les rus, les haies,
Je poursuivrai sans but, en laissant à souhait
Des trous blancs dans la neige. A moi contrées et songes !