Oui j’ai rêvé de vous cette nuit tard encore, Nous étions revenu comme de longs chemins, Le crâne fatigué mais le cœur en phosphore Comme deux pèlerins qui savent les parfums.
Vous aviez vingt ans au devant de ma bouche, Nous avions vingt ans au devant de nos soirs, Et pourtant déjà vieux des sanglots de la couche, De quelques brunes fleurs mortes des abattoirs.
Oui j’ai rêvé de vous, vous n’étiez ni l’automne Ni l’hiver, ni l’été, ni même le printemps, Vous étiez l’univers des mes roses en tonne, Vous étiez jeune fille aux quinze ans haletants.
Vous m’avez je vous jure en ce rêve coupable, Déposer un baiser comme on tremble des cieux, Toute proche, sonnante et d’espoir et de fable Je me suis laissé faire et noyer dans vos yeux.
Oui j’ai rêvé de vous et je vous cherche encore, Ô ma toute première, Ô ma réalité, Loin de vous, dans ce jour au soleil indolore, Mon cœur est en aveugle et je meurs délité.
Revenez une nuit, faite moi-même offrande, Mettez sur votre peau le parfum des beaux jours, Et baiser sans répit la richesse trop grande De tout mon souvenir aux premières Amours
