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Etienne CHAMPOLLION

La Chute : A propos d’amertume

Amertume, amertume est-ce toi qui me prend
Dans tes bras où se mire une éternelle phrase :
"Où es-tu chez amour", mon ennui je l'apprend
Comme l'enfant comptant les remous dans la vase

Les mots comme des clés, nous avions des trousseaux,
Tout remplis du poème à même son essence,
C'était nous c'était nous, ineffables faisceaux
De jeunesse rêvant à la nuit qu'elle encense.

Des étoiles peut-être ou alors un soleil,
Je ne sais plus très bien la lumière des roses,
Pourtant elle fendait notre profond sommeil,
Semant de ses néons des aubes belles écloses.

Aubes où la pensée unique et sans un faux,
Traversait monts et champs à quérir évadée,
L'autre dormant encor en la nuit sans défauts,
Où nous nous retrouvions blancs du rêve. Médée !

Médée oui toi sorcière ! égorge ces passions,
Et tu verras sortir de leurs profondes veines,
Des fontaines d'argent aux ruisseaux vermillons,
Ecoulant en leur flots des bouquets de sirènes.

Nous avons écoulé tous le sang de nos bras,
Nous avons entrouvert les puissances charnelles
Comme deux beaux enfants s'approchant des cobras,
Nous nous sommes aimés aux doux feux des chandelles.

Non le tableau n'est pas rempli de traits moqueurs,
Pourtant on le regarde à même mièvrerie
O souviens toi lecteur tes plus douces liqueurs
Ton cœur alors plus grand que toute la prairie !

Je reviens "amertume" à ton étrange cas,
A ton parfum d'éther et de paix et d'austères
Vieillesses, aussi quelques vins délicats
Plein de raisins amers - ivrognes grabataires.

Aurais-tu la magie, Aurais-tu un poison
En tes lettres sans fleurs, mon cher mot tu me tues,
Un être te prononce et toute ma saison
Se peint du souvenir en cruelles statues.