Les amours de seize ans demeurent les plus beaux, Et leurs longs souvenirs jusqu’aux fond des tombeaux, Murmurent l’immortel d’une rose perdue, Un parfum sanctifié, une flamme fendue, Comme éternels flambeaux !
Oui je rêve toujours à ma plus jeune Elvire, Un effluve d’encens et tout mon cœur chavire ! Dans les ruisseaux bleuis où je fus votre amant, Les rivages heureux renaissent en ramant ; Tels ruines d’un empire !
Pur jardin de secret où les violons ont plu Le portrait de l’alcôve où vous m’aviez tant plu ; L’Absence a des tableaux que le rêve dessine, Et j’en sais des couleurs plus belles que Racine Qui jamais n’ont déplu !
Vous en souvenez-vous, dans un brin d’amertume, Parfois presque muets, Bohémiens nous marchions les baisers en coutume, Loin des vieux menuets, Nous fermions la paupière autant que la raison, Rêvant au rêve, Un Edenien printemps en unique saison, Sans nulle trêve ; De votre air un parfum, de vos yeux des bijoux, Des perles ! De votre corps tout un roman sous le chant doux Des merles.
Les amours de seize ans demeurent les plus beaux, Leurs souvenirs chantant jusqu'au fond des tombeaux.
