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Erwan AMIRI

Mnémosyne ou la lampe merveilleuse

Chaque fois que Phœbus quitte son piédestal
Que l’espace revêt sa chemise de nuit
Une dame apparaît dans sa robe fatale
Le visage baigné du soleil de minuit

Sa présence irradie immobile et muette
Confidente discrète à la face éborgnée
Pour veiller flamant noir au chevet du poète
La figure ampoulée d’avoir trop besogné

Ah ! Que deviendrais-je sans toi ma bonne amie ?
Croupirais-je sans fin dans de mornes cachots
Condamné à souffrir de mortelle anémie
Qui me rongerait l’âme ainsi que de la chaux ?

Vieille et fausse indolente elle incline du chef
Sur la plume et l’oiseau qui grattent le papier
Et maintient la clarté dessous le couvre-chef
Sans jamais de bougeotte à son unique pied

Elle écoute en secret toutes ses confidences
Ses maux et ses regrets qui lui sont chuchotés
Ses heurs et ses malheurs sans la moindre incidence
Tout comme ses rimes contre l’humanité

Mais voici que Phœbus rejoint son piédestal
Que l’espace revêt son divin manteau d’or
Que la dame s’éteint dans sa robe fatale
Le visage ébloui du soleil de l’aurore