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Eric BOURDON

Les cocotiers

Assis sur un muret, je regardais la mer,
A côté d’un marin à l’allure de corsaire,
Un hibiscus gracile me cachait le soleil.
Les alizés dociles soufflaient à mes oreilles,
Des histoires de trésors, de pirates et de fées,
Me poussant doucement dans les bras de Morphée…

Jadis les cocotiers n’étaient pas végétaux,
Ce n’étaient pas des arbres, ni même des arbrisseaux
C’étaient de grands oiseaux, des sortes de hérons.
L’échassier africain, fort en gueule, fanfaron,
D’un battement d’ailes, traversait l’Atlantique,
Puis prenait, près de l’eau, des poses hiératiques.

Ils étaient rarement seuls et se groupaient en foule,
Comme dans les basses-cours, les canards et les poules.
Posés sur une patte, lissant leurs plumes vertes
Ils pondaient toute l’année au bord de plages désertes,
Des grappes désordonnées d’œufs à la coque velue.
Surprenant ? Les humains naissent parfois chevelus !

Les cocotiers étaient grands, stupides et bavards.
Ils se moquaient des hommes qu’ils trouvaient trop couards.
Un jour, sur une côte d’Afrique, un grand oiseau
Railla une princesse, traînée dans un bateau,
Les chaînes aux pieds, par une troupe de forbans.
Puis il vola, riant, vers le soleil couchant.

Notre oiseau, peu malin, surveillait sa couvée
Au bord de l’océan quand il vit arriver
Les voiles du navire en provenance d’Afrique.
Il lança, comme toujours, une pique ironique,
Lorsque débarquèrent les hommes à la peau noire
Leurs femmes, les enfants et leur terrible désespoir.

La princesse l'entendit,
D’une phrase le maudit.

« Toi et ta famille, en Guinée, retournerez
Quand mon peuple, avant vous, sera enfin rentré »
Alors de puissantes racines enserrèrent les pieds
Des pauvres volatiles à jamais prisonniers.

C’est à cet instant que je me suis réveillé….