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Elie MANGOUBI

Hommages à ma tante Claire Perlman Lichaa

Elle était née sur la terre des pharaons
Au temps où ce pays était encor tolérant,
Au Caire, seize rue Abbassiah, elle grandit
Dans la belle demeure familiale où la vie
était douce. son grand jardin, elle l’aimait,
Les senteurs du jasmin l’énivraient,
Tout en admirant les fruits des goyaviers,
Des orangers, des manguiers, des mûriers
Qu’elle cueillait et mangeait dans la joie,
L’insouciance en chantant à haute voix.
Elle adorait la langue italienne, parlait
L’arabe et le français sans difficultés.
Son passe-temps favori les mots croisés
Et le tricot. Elle prit des cours de dessin
Et de couture sans savoir que le destin
La mènerait à Paris, puis aux États-Unis
à Chicago où elle rencontra son mari,
David, un juif du Nil forcé lui aussi de quitter
L’Égypte. Je parle de ma tante bien aimée
Suzanne qui se fit appeler plus tard Claire
Et recommença à zéro sa vie loin de la terre
Natale d’où elle était partie sans retour.
Son seul regret, pas d’enfants, mais l’amour
Absolu et le dévouement de son mari,
Le bonheur parfait, sa plus belle mélodie.
Elle aimait rire, danser, travailler, voyager
Et aller au casino en portant avec fierté
Des colliers de perles faits par ses mains
De fée, ce qui lui assurait des lendemains
Meilleurs. D’une proverbiale générosité
Et d’une grande sensibilité, elle pleurait
Et riait facilement, son cœur d’or de tristesse
Saigna à la mort de son mari. Sa tendresse,
Son amour, son sourire, son calme, son humour
Sa constance lui manquent tous les jours.
La solitude lui pèsent lourdement
Et les pleurs viennent plus facilement,
Mais malgré l’âge et les années, elle est
Demeurée ma tante pleine de vitalité
Et à qui je rends hommage aujourd’hui
En rêvant au soleil qui brille à minuit..