Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Dominique SALLOUM

Une bouteille... pas à la mer...

Ceci est une bouteille à la mer
Je repars dans ma vie tranquille mais à l'affut
de mes pièges, de mes mots
Je suis dans l'attente... de je ne sais quoi...
Je me suis demandé si cela pouvait être encore toi...
Cela dépend des jours... et je n'en suis pas si sûr...
Cela dit :
Tu gardes une place vivante en moi
Unique... Privilégiée...
Une place beaucoup plus juste...
Maintenant que je te vois enfin
et que j'ai parfois peur de toi...
Maintenant que tout (ou tant) est dit
et qu'enfin aussi, je me vois...
Maintenant que je ne veux ou ne peux plus "vouloir"
et que les cartes sont abattues
"C'est quand on atteint le fond du gouffre que l'on peut rebondir..."
Tu viendrais à moi
Je pense que je serais prêt
et que la relation serait autre
(elle ne pourrait être autre que si toi seule venais à moi en premier).

Ceci est une bouteille... pas à la mer...
Ceci est une bouteille... aux étoiles... aux galaxies...
Puisses-tu la recevoir
et entendre mon message.
Il y a en moi une flemme
qui aime ce monde
qui aime la vie...

Le promeneur solitaire sur la pointe de Carnac
dessiné au bic (et c'est toi!)...
Le bateau échoué dans cette même crique
et qui attend, qui se repose,
nu au soleil à sécher ses algues, ses blessures,
avant de reprendre sa lutte et son ballot,
à marée haute, suant on ne décide plus...
(et c'est encore toi...)
Ce décor m'inspire et je l'aime,
comme tes faiblesses et ta saleté,
quand tu l'avoues,
comme ce bateau que l'on surprend,
qui prête son flanc
et qui se cache sous ses algues,
dans son secret,
comme cet enfant qui se cache le visage
dans ses mains et qui croît,
qu'on ne le voit plus
(et c'est toujours toi...)

Tu vois!
Il y a toujours en moi une flemme,
qui aime ce monde
qui aime la vie
qui t'aime peut-être...
J'aime ton bateau
J'aime m'attarder sur les rivages
à marée basse
et m'en venir dans la vase
pieds nus
caresser les coquillages
incrustés sur ta coque
avant que la marée revienne...

Bien sûr il y a un autre choix
celui de la laisser venir...
alors mon bateau s'en va
loin très loin...
et on se sépare...
Comme cet oiseau
qui s'envole des mains de l'enfant
et c'est fini... il s'évanouit... dans le temps...
dans le souvenir...
...Alors
Demain, il y aura peut-être un autre bateau
qui viendra s'échouer, ici ou un peu plus loin
Il sera peut-être... plus beau, moins grand...
ou le contraire...
Peu importe...
Il y aura toujours assez de place pour tous les bateaux qui viendront s'échouer en nous,
que d'oiseaux rescapés qui y trouveront refuge...
Et pourtant...
Il n'y a de véritable place que pour un seul bateau...
Un seul oiseau...
Mais ça, on ne le reconnaît... qu'au dernier voyage...
Mais mon petit mot devient trop grand
et ma plume débite des flots... la marée remonte...

Entre silence et réponse... j'ai choisi
la balle est dans ton camp
... Je n'attends quand même rien de toi...
J'attends, c'est tout...
Tu m'as appris à ne pas trop parler...
Je suis un mauvais élève!
(heureusement!?)

Une dernière histoire...
Je n'aurais pas la "conscience tranquille" sans cela...
... C'est au sujet de "l'oiseau que je n'ai jamais retenu"
(... Ce mensonge que je me suis fait, en te poussant à partir?)

C'était au Liban, il y a très longtemps, j'avais peut-être 5 ans, ou 6 ou 7 ans au plus
et un homme qui travaillait chez nous (le gardien) m'avait donné un oiseau qu'il avait attrapé
et au pied duquel il avait attaché une ficelle pour que je puisse le promener...
en laisse comme on promène un chien, un chat ou un chimpanzé...
J'ai joué avec lui quelques minutes puis je l'ai relâché
Seulement, en lui rendant sa liberté, j'avais oublié la ficelle et il s'est fait prendre dans l'arbre!
Il était coincé et tentait de toutes ses forces de s'envoler, chose impossible...
Moi, j'étais triste, très triste, alors je suis parti en courant chercher de l'aide,
mais qui se préoccupe d'un pauvre petit oiseau au Liban?...
Quand je suis revenu, il était parti...
Accroché à une branche, il y avait un bout de ficelle qui pendait...
Il l'avait rongée... cassée...
Cet oiseau... je l'aime encore... (!)
Je pense bien que c'était toi...

Dominique