La salle a une odeur de craie Le vieux tableau noir l’effraie Au mur, les grandes cartes l’observent Assis au dernier rang, l’enfant rêve Un doux parfum de liberté l’habite Dans le vieux poêle, le bois crépite Comme une musique monotone La voix du maître bourdonne L’élève n’écoute pas, il est ailleurs La vieille pendule égraine les heures Le temps lui aussi semble s’ennuyer Sur la table, reposent ses cahiers Parmi eux, un petit carnet à spirales Dessus, entre les ratures, s’étalent Ses angoisses, ses rêves, ses folies Bien sûr, il le sait, c’est un incompris Sa page d’écriture est tachée d’encre On va de nouveau le traiter de cancre Et soudain cet appel tant redouté Au tableau ! cela le fait paniquer Les moqueries, les railleries fusent Dans sa tête les idées sont confuses Il bafouille, il rougit, il zozote Au fond des yeux des larmes de honte Alors, il aimerait bien crier sa rage S’exprimer avec les mots de son âge Mais de sa bouche aucun son ne sort Il voudrait être loin de ce décor Le maître le renvoie à sa place Là-bas, au fond de la classe Une grande tristesse l’envahit Ici commence l’école de la vie