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Cypora Boulanger

Quand la vie s’embellit

Quand la vie s’embellit d’un crêpe ciel de nuit
En fermant, au déclin, la paupière du jour,
S’estompent peu à peu les toits et les murs gris,
Tandis que les oiseaux s’endorment à leur tour.

Un bref halètement, et mes yeux voient dans l’ombre
Caché dans les taillis, dissimulé, blotti,
Un démon malicieux qui soudain en jaillit,
En me laissant figée de peur dans la pénombre !

C’est entre chien et loup, qu’au temps de mon enfance,
Des souffles inquiétants et des bruits alarmants
Me tiraient du sommeil, de cauchemars puissants,
Où des dragons velus et laids faisaient bombance.

D’horribles froissements même au bout de mon âge
Aiguisent à nouveau le fond de ma mémoire
Les peurs, les cris d’effroi jonchant ma tendre histoire
Les secrets du grenier me font encore ombrage.

Pourtant, pourquoi trembler ? Il n’y a pas de quoi,
Aucun monstre ne vit entre ces murs vieillots,
Justes quelques habits, défraichis godillots,
Un ours et un poupon qui tremblent dans le froid.

Objets de mon passé, j’ai relégué vos âmes,
Qui flottent à présent dans les couloirs du temps,
Du fond des souvenirs, je n’entends à présent
Que vos déchirement qui à l’oubli me damnent.

Et vos gémissements qui larmoient en cadence
Pleins de lamentations quand on est dans le noir,
Me rappelle maman calmant mon désespoir
Tout en séchant mes pleurs qui coulaient en silence.

Oui, je revois ça main pressant ma chevelure
Agitant tendrement le bois chaud du berceau,
Me conviant au sommeille et la paix du repos,
Les yeux pleins d’affection et brillants de droiture.

Des trésors délaissés, des habits d’apparat,
Quelques publications, un filtre à tabatière
Un landau usagé, mes livres d’écolière
Tout une vie s’étire et se retrouve là.

Pourtant, dans ce fenil, aucun moïse en pierre :
Ma mémoire gémit et pleure à son trépas :
A présent je le sais, mon ventre est la jachère
Où aucun fruit nouveau, non ne grandira pas.