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Cypora Boulanger

Pour une énième fois

Pour une énième fois depuis bien des années,
Le cycle de la vie s’est montré fat et fou
Et l’automne a lancé sa flèche empoisonnée
Décimant les désirs de tant de rendez-vous.

Les drapeaux bleus et blancs qui ornaient les façades
Se sont désintégrés soumis à la mitraille
A l’appel d’ennemis poussant à la bataille
Et qui ont fait leurs nids tapis en embuscade.

Le rouge a été mis aux portes de maisons
Où le sang a coulé en inondant la terre
Et leur sol purifié destiné aux moissons
Gorgé des trahisons qu’ils auraient voulu taire.

Leurs jours devenus courts et les matins de glace
Celle qui, sur leurs fronts, a posé sa froidure,
Le temps paralysé s’est vêtu des fêlures
Qui, sous les pierres nues, se défient face à face.

Leurs mouchoirs détrempés s’imbiberont encore
Mais ne tariront pas les sanglots qui les nouent
Aux chairs qu’on a meurtries qui les hantent si fort
Et, au linceul des jours, les a mis à genoux.

Ils devront surnager et marcher tout le temps,
Le jour, comme la nuit pavant leurs crépuscules,
Rien ne pourra gommer toute leur vie durant
Ces moments où l’effroi, fondant en préambule,
Les a envahis même en maudissant le vent !

Où seront-ils demain ? Car ils n’auront de cesse
Que de prier encore et toujours et souvent
Jusqu’à ce que la main d’une onde vengeresse
S’en vienne à délivrer l’esprit de leurs enfants.

Mais, où était l’Auteur qui fit de ce jardin
Un paradis fardé aux couleurs d’espérance ?
Où était-il alors quand des démons en transe
Semèrent à l’envi l’horreur et le chagrin ?!