Petit Prince a grandi
Petit Prince a grandi… pour moi c’était hier,
Il a marché longtemps de sentiers en chemins ;
Aujourd’hui c’est son tour, bientôt il sera père,
Que la vie passe vite… il est déjà demain !
Dans un berceau tout blanc s’endormira sous peu
Un nouvel ange blond à la nuit souveraine
Habillant comme lui d’un nuage de laine
Son petit corps poupin, illuminant cieux.
Alors quand cillera le coin de sa paupière,
Son genou potelé le mettra en émoi,
Un battement de cils, un geste de ses doigts,
Cette odeur de bébé, le rendront pas peu fier !
En regardant dormir son petit prince à lui,
Comprendra-t-il alors toutes nos inquiétudes
Quand dans nos vies d’alors il troubla nos quiétudes
Tout en poussant d’un cri les portes de la nuit ?
Quand la lune fuira les rayons du soleil
Enluminant de feu ses boucles innocentes,
Il se réveillera à l’aube renaissante
Rompant, effrontément, le charme du sommeil.
Alors, le monde inerte interdit, mais orfèvre,
S’éveillera, saisi par l’écho de son chant,
Car la faim, et la soif en taquinant sa lèvre,
Il poussera un cri perçant le firmament.
Et tu le berceras, lové contre ton corps,
D’où il contemplera ta face paternelle,
Puis, quand enfin nourri par le sein maternel
Maman lui chantera : dors petit prince dors…
Oui, mon enfant, ça y est, tu as rejoint les hommes
Car l’amour a changé le bleu de ton regard,
Mais dans mon cœur tu es toujours mon petit-homme,
Et même si parfois le train semble en retard,
C’est au petit matin, qu’au perron de ton nid,
Mes pas, en me guidant sur le pavé mouillé,
Me mèneront demain, sur la pointe des pieds,
Au seuil de ta maison pour y fêter la vie.
Car si mes cheveux blancs font de moi sa grand-mère,
J’irai par la forêt en lui prenant la main
Et construirai pour lui un monde de lumière
Chassant tous les démons obscurcissant demain !
