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Cypora Boulanger

Où est partie la joie ?

Où est partie la joie qui dansait sur leurs lèvres
Quand, un matin d’automne à la pointe du jour,
On vit dans un éclair à l’instant le plus mièvre,
Au lever du soleil, expirer leurs toujours ?

Expirer leurs toujours quand d’obscures vautours
Abimèrent soudain de leurs penchants pervers
Toutes les égéries, enchaînant tour à tour,
Et la mère et l’enfant les vouant à l’enfer !

Les vouant à l’enfer aux confins du Mordore
Où jamais leur couvée ni ne rit, ni ne chante,
Où le silence est Loi dans un monde où la Mort
Fait ripaille et festoie, furieuse, écumante !

Furieuse, écumante où le tonnerre exulte
Quand punissant l’humain, le poussant vers l’adieu,
Le soustrait à la vie à la faveur d’insultes
Et les tue lâchement en allumant des feux,

En allumant des feux dans un moment de rage,
Dénués de pitié jusqu’à écarteler
Et le fils et le père en un même carnage
En les blâmant à tort de ne savoir aimer.

De ne savoir aimer sous la voûte éternelle
Ni la vie, ni l’allant, ni la sève ou l’esprit,
Préférant croasser d’une voix de crécelle
Et créer la noirceur qui mène à la folie ;

Qui mène à la folie de la bête en des Hommes
Où, sillonnant la nuit et répandant la haine,
Refusent de laisser s’envoler le phalène
L’enlevant à jamais, l’effaçant à la gomme ;

L’effaçant à la gomme d’un dieu mortifère,
Qui les enjoint à boire aux vermeilles fontaines
Tout le sang incarnat débordant de leurs veines,
Plutôt que de prôner des promesses sincères :

Des promesses fondées sur bien des cueillaisons,
Du palmier qui fleurit aux portes du Désert
A l’olivier offrant tous les fruits que la Terre
A fécondé là-bas jusqu’à la déraison.

Alors, comment fonder une unité profonde
Sans chercher ni trouver des Horizons nouveaux,
Tant que des monstres prient et prêchent à la ronde
La ferveur et le fiel d’un don de soi dévot

Au fanatisme sot qui prône la colère
Et son courroux dément contre la création,
Jusqu’à vouloir damner l’Humanité entière
En brisant à jamais la ronde des saisons ?