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Cypora Boulanger

Ô rien ne sera plus

Ô rien ne sera plus pareil à ce qui fut !
L’immensité salée ne peut appartenir
Qu’à quelques pharisiens venus s’y rafraîchir
Et se désaltérer à ses flots bleus diffus.

Ancré aux vaisseaux fous qui jadis ont vogué
Traversant l’océan et ses incertitudes,
Le vol lourd des corbeaux au-dessus des Bermudes
Semble s’auréoler alors d’obscurité.

A l’heure où le soleil aurait pu embraser
Les roses et les lys de ses faisceaux peu sages,
A l’orée de ce jour pétrifié sous l’orage
Se renversa soudain le sang qui fut versé.

Comment continuer à trouver du courage
Pour franchir sans flancher les gorges de la nuit ?
A vouloir s’échapper de cet endroit maudit
On force les verrous des portes de la cage.

Toi l’aigle qui fend l’air de tes ailes géantes,
Ne peux-tu emmener, les portant sur ton dos,
Tous ces captifs ravis comme des animaux
Et les désenchainer de ces prisons démentes ?

Le vent, qui t’appartient, et t’offre ses humeurs
N’ouvrira plus la voie de ses mansuétudes,
Tant que perdurera là-bas leur servitude
Qui les soustrait férocement à qui les pleure !

Non, rien ne sera plus pareil à ce qui fut,
Ni hiver, ni printemps, ni été, ni automne,
On se perd en rancœur lorsque le canon tonne
Et qu’on marche à tâtons, sans boussole et sans but.