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Cypora Boulanger

Ô que de châteaux forts !

Ô que de châteaux forts, d’habitations inertes
Parsèment nos terroirs, nos vallons, nos vallées !
Les volets en sont clos, les portes entrouvertes,
Ne laissant présager que lieux abandonnés.

De tous vos unissons il ne reste en vos âmes
Que d’anciens souvenirs d’un passé où l’antan,
Aux beaux jours, révélait aux notes de sa gamme
Des secrets dérobés aux violons du vent.

Dans le silence froid, vos ombres qui s’éploient
Semblent se statufier lorsque tombe la neige ;
Et même si l’été ravive vos arpèges,
On n’y entend jamais chanter aucune voix.

Au sein de vos foyers dans ces années alertes,
Les rires qui fusaient pleins d’allant et de joie
Rebondissaient joyeux pleins de je ne sais quoi,
Sur les ivres parois que la vigne a couvertes.

Si encor quelquefois des feuilles y frissonnent,
Bousculées par le vent où bourdonne la vie,
Pourtant, dans les sous-bois, au deuil qui la bâillonne
Se referme à jamais son rêve évanoui.

Ô combien n’ai-je vu de maisons qu’on disloque,
Délabrées et pillées par des manants aigris ?!
Non, je ne comprends pas pourquoi dans ce pays
On les voue à la mort en les laissant en loques !

Catins dévergondées, voici qu’on les condamne
A porter sur leurs toits d’occultes voilaisons,
Tandis que leurs bailleurs, qui fument des havanes,
Se bâfrent et festoient, s’enivrant à foisons !

Je n’éprouve à présent qu’une abyssale peine
Et même dans mon cœur s’immisce la colère :
Comment peut-on offrir au néant mortifère
Tant de joyaux si beaux d’un patrimoine amène ?