Ô finir cette année !
Ô, finir cette année pour aller vers demain !
Voir consumer, enfin, ses courroux sous la cendre !
Déguster l’instant bleu et partir sans attendre,
Pas à pas, s’en aller… mais la main dans la main.
Ce soir, comme Vénus, allumer les étoiles,
Contempler ses contours dans le miroir lacté ;
A chaque astre luisant, arrimer la grand-voile
Et voguer vers l’Olympe sans se retourner.
Malgré le feu mordant dévorant nos visages,
Semant, de-ci de-là, des brassées de jacinthes,
Pour laisser dans la boue sa fugitive empreinte,
Partir vers l’inconnu d’insoupçonnés sillages !
Cherchant à soulager nos douleurs éternelles,
Se frayer un chemin entre les épopées,
Et, s’élevant bien haut, déployant nos deux ailes
S’envoler, tel Icar’, jusqu’à se les brûler.
Quand se perdront, enfin, des canons les échos
Dans l’herbe submergeant tous les champs d’escarmouches,
Les lauréats défaits, par les monts et les vaux,
Reposeront, vaincus, sur leurs ultimes couches !
Et les ans passeront abrogeant leur mémoire,
Oublieux des récits de leurs exploits fameux,
L’encre dessèchera les rimes du grimoire
En n’y laissant plus rien que quelques mots d’adieu…
…Ô finir cette année pour aller vers demain !
Enfin, voir consumer ses courroux sous la cendre !
Déguster l’instant bleu et partir sans attendre,
M’en aller, pas à pas… mais ma main dans ta main…
