Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Cypora Boulanger

Mon vieil arbre

Je me suis posée là toute fébrile
espérant le revoir dans le jardin,
pour moi, c'était un ami si docile
celui qui consolait tous mes chagrins ;
le parc a reçu de beaux conifères,
sapins, épicéas, et parasols,

Mais mon vieil arbre est mort l'année dernière
Oui, mon vieil arbre est mort et mon cœur s’éteint(bis)

Je me rappelle encor' ses lourdes branches
qui ont porté tant de grains succulents,
en été, les oiseaux, en avalanches,
les engloutissaient en s’y chamaillant;
à l'automne il se couvrait d’amarante,
et le vent décoiffait ses rameaux roux

Mais mon vieil arbre est mort dans la tourmente
Oui, mon vieil arbre est mort et mon cœur se fend (bis)

Quand l’hiver s’en venait en froide escorte
le parsemant d’ailés flocons tout blancs,
il s’endormait sur le pas de ma porte
en attendant le retour du printemps ;
puis le beau mois de mai tout en arpèges
lui prodiguait ses baisers les plus doux,

Mais mon vieil arbre est mort, ô sacrilège !
Oui, mon vieil arbre est mort en mon cœur absent (bis)

De mes doigts, j’en amignonnais l’écorce,
son tronc était noueux sous sa crinière ;
il me donnait sa sèv’ comme sa force
en emplissant mon âme de lumière ;
l’été, en le drapant de sa clémence,
il regorgeait des fruits les plus divins,

Mais, mon vieil arbre est mort, quelle malchance !
Oui, mon vieil arbre est mort et mon cœur se serre (bis)

Combien de temps a-t-il dû se languir
en attendant que je revienne enfin ?
combien a-t-il muri de déplaisir
avant de dépérir un froid matin ?
le couperet aigu d’une herminette
lui déchira le flanc d’un coup tranchant,

Mon vieil ami est mort comme une bête,
Oui, mon vieil arbre est mort et mon cœur s’en plaint (bis)

Il me reste de lui cette musette,
fleurant encor’ les baies cueillies hier,
nos entrevues se faisaient plus discrètes,
il me manquait… mais j’avais tant à faire,
s’il est parti rejoindre les comètes
et de son paradis où il me voit,

Saura-t-il pardonner, car je regrette
De l’avoir laissé s’en aller, solitaire ? (bis)

(sur une musique de Frédéric Mey
« Le vieil ours »)