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Cypora Boulanger

Les portes du désert

Je n’écouterai pas les bruits que le désert
Fait en enveloppant de sable maléfique
Les murs défigurés par l’atroce musique
Composée, hier encor, par des loups sanguinaires.

Je ne laisserai pas son soleil de midi
Qui, pour me dérouter, me brûlerait les yeux,
Galvaniser ma peau, ni dorer mes cheveux,
En imprégnant mon cœur de baisers pervertis !

Non, je ne boirai pas aux puits des oasis
Leur eau contaminée au poison de la haine
En me laissant porter au tréfonds de la nuit
Par l’illusion d’un vent qui chante… et se déchaîne.

Je ne recevrai pas, contrastes permanents,
Ni l’or de ses reflets dansant dessus les pierres,
Ni ne ferai jamais le moindre pas, n’offrant,
A mon corps défendant, ni ombres, ni lumières.

Je ne contemplerai jamais aucune étoile
Dans les cieux tout là-haut où s’arrête le temps
Et, même en soulevant leurs pannequets de voiles,
Personne n’ouvrira les guichets du présent.

Car même si demain les portes du désert
Devaient rouvrir alors un pan d’éternité,
Je lui refuserais, qu’au coin de ma paupière,
Il vint se prosterner en m’offrant ses baisers.

Rien ne refleurira tant que dessus ma terre
Des bourreaux s’uniront pour tuer l’innocent,
Aiguisant leurs épées sur des habits d’enfants
En crachant leur venin perfide et délétère !