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Cypora Boulanger

L’automne a provoqué

L’automne a provoqué le monde, et la douleur
A jailli de ses flancs causant la déchirure
Des rideaux de la nuit jusqu’au point de rupture
Où l’espoir a sombré en lacérant leur cœur.

Les oiseaux se sont tu alors effarouchés
Et le vent est tombé comme choit une bombe ;
Les cieux, en s’emportant, ont déferlé en trombes
Dessus les vaisseaux fous de l’irréalité.

Et des sables mouvants aux oasis marines,
Régis par le malheur qui leur vola l’espoir,
Tous nos enfants meurtris, aux rêves illusoires,
En pyjama, nu-pieds, attendent que la bruine

Délave tous leurs maux en lessivant leurs larmes
Et leur pain quotidien au goût de solitude.
La peur qui les poursuit en écrasant leurs âmes
Conjugue à l’imparfait toutes leurs certitudes.

Ô cynique mirage au halo délétère !
Ô abomination à l’aveuglant pouvoir !
Maudit soit le chemin qui mène à ton mouroir
Où le froid s’insinue en ton lit mortifère !

Et sa brûlure crue qui jamais ne guérit
S’étend intensément dessus leur terre ronde,
Rien qu’à son souvenir leur cœur se fait petit
Et l’horizon se vêt d’un manteau gris immonde !

Quelques taches de sang ont fardé de carmin
L’espace mordoré où le soleil a chu ;
En bâillonnant la mort dans son foulard hautain,
Pourront-ils retrouver ce temps interrompu ?

La nuit s’éteindra-t-elle sur leurs âmes chagrines
Et leurs pleurs tariront les relents douloureux ?
Pourront-ils les gommer à jamais de leurs yeux
Pour s’ouvrir à la vie prometteuse et divine ?