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Cypora Boulanger

Ils fuient emmitouflés

« Ils sont tombés pour entrer dans la nuit
Éternelle des temps, au bout de leur courage,
La mort les a frappés sans demander leur âge
Puisqu'ils étaient fautifs d'être enfants… d'Arménie »
(Charles Aznavour / Georges Garvarentz)
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Ils fuient emmitouflés

Ils fuient emmitouflés abandonnant hier,
Ils sont épouvantés par les plaies de la guerre ;
Ils forgeaient tant d’espoir ensemençant des fleurs
Pour que tous leurs enfants n’endurent plus la peur.

Festonnant leurs pensées de perlées d’espérance,
Tandis que leur destin se vêt d’opalescence,
Les voici condamnés par ce monde maudit,
Poussés vers ce néant qui les anéantit.

Ils avaient dans leurs chants le doux miel de la chance
Celle qui, dans leurs mots, leur apportait la foi
De pouvoir élever leurs anges sans effrois
Et regarder fleurir des gerbées d’abondance.

Sous leurs pas ils oublient en chemin tous leurs rires,
La bise les conduit vers la rive opposée,
Et même le soleil, qui les a consolés,
Ne les réchauffe plus malgré tous leurs soupirs.

Condamnés au trépas dans le puits de la haine
Harassés de gémir, las d’errer à genoux,
Désertant leur logis occupé… mais debout,
Ils marchent droit devant tout en cachant leur peine.

Dans un dernier sanglot, n’emportant que haillons,
Ils crachent à l’azur un océan de larmes ;
Et la peur les poussant à déposer les armes,
Plus jamais ne pourront éloigner l’horizon.

Je vois dans leurs prunelles l’ultime prière
Celle du droit de vivre à toucher le soleil,
Et de goûter encore au doux miel des abeilles
Pour oublier la boue qui enlaidit la terre.