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Cypora Boulanger

Hier encore, Oradour

Hier encore, Oradour dans un monde sans âme,
Où l’enfer, en fondant a inondé de sang
Ce village où la vie fut réduite à néant,
N’y laissa rien de plus que le silence infâme.

Dès les tout premiers pas, sans pouvoir s’en défaire,
On sentait alentours, dans un halo, la haine
Où, submergeant les lieux, trainait lors la rengaine
De ces démons cornus venus là s’y « distraire ».

Puis l’outrage aiguisée vous remplissant de rage
Vous hantait au plus haut de la morte saison,
Qu’à l’infini, ici, tant poignant et sauvage,
Les saules larmoyaient jusqu’à la déraison.

Les victimes tombées et vouées aux adieux
Hantaient encore là tant de ruines béantes,
Nulle joie ne naîtrait plus jamais en ces lieux
D’où s’enfuyaient, brisés, et l’espoir et l’attente…

…Aujourd’hui, à l’automne de l’année passée,
Autre temps, autres lieux, mais le même venin,
Des serpents ont jailli de partout au matin
Pour immoler des vies qui ne voulaient qu’aimer,

Aimer danser, chanter, et fêter la lumière
Que le soleil levant s’apprêtait à offrir
Aux yeux écarquillés par l’offrande éphémère
De rayons émergeant quand la nuit se retire.

Condamnés à périr, sacrifiant l’innocence,
D’autres loups en avaient décidé autrement,
Et la mort est entrée en hurlant, les fauchant,
Abattant, çà et là, toutes leurs existences !

Le vent court maintenant sur la noirceur des ruines,
Gémissant l’élégie en hommage aux martyrs,
Israël, Oradour, confondus par le pire
D’innocents condamnés à l’horreur assassine !

Nous ne pourrons jamais pardonner ces offenses,
Ni les cris s’échappant de leurs poitrines nues,
Ni les cordes brisées des vies interrompues,
Et nous irons au bout… jusqu’à leur délivrance !