Dans ce monde incertain
Dans ce monde incertain, ombrageux, en alerte,
Le Mal s’est invité au banquet… imposteur ;
L’Hiver a dévasté son paysage inerte
Qui grelotte, transi, sous le joug de la peur !
Réveillez-vous ! Le froid est déjà à sa porte
Et le Soleil s’en va au bout de l’Horizon
En tirant sur les pants du manteau qu’elle porte
De Nuit, où le Couchant s’amarre en lunaison.
Nous n’irons plus là-bas, là où l’herbe est plus verte,
Aujourd’hui, le brouillard a envahi les champs,
Ne moissonnerons plus les Blés qui l’ont couverte
Cette Terre offensée qui nous offrait ses chants.
En nos palais, le vin avait un goût de miel
Et le pain de jadis croustillait si léger,
La Source murmurait, frou-frou confidentiel,
De secrets fabliaux aux oies au vol léger…
…Mais, nous voici captifs au sein de la tourmente,
Parqués, emprisonnés, embastillés, reclus,
Subordonnés aux lois d’une entité démente
Nous poussant à errer tels des gueux, abattus !
Partira-t-il enfin l’acerbe trublion ?
S’en ira-t-il hanter les bas-fonds de l’Histoire
Ce Mal qui nous a mis sur la bouche un bâillon
Et, sur la main, le clou de façon péremptoire ?!
Reprendrons-nous la route aux lointains Horizons,
Celle qui nous menait aux confins du mystère,
Et, comme aux temps d’avant, en ouvrant nos maisons,
Irons-nous contempler les joyaux de la Terre ?
Car Il vaut mieux veiller aux beautés d’ici-bas
Et à Dame Nature aux trésors fabuleux,
Ces présents inouïs que d’aucuns ne voient pas,
Plutôt que d’emprunter des chemins hasardeux !
Certains diront, à tort, que tout ça est futile,
Préférant ne songer qu’aux alléchants appâts,
Ne savent-ils donc pas que leur vie file file
Et chaque jour perdu, non, ne reviendra pas ?
