Cet arbre solitaire est un très vieux géant, Son corps est affaibli par un grand trou, béant, Qui balafre son tronc courroné de feuillage; Il risque de tomber sous l’approchant orage.
Les ans l’ont épargné pour pouvoir témoigner, De ce que cette plaine a souffert, pour saigner Tous ces pauvres soldats fauchés par les mitrailles, Qui sont morts à ses pieds, dégorgeant leurs entrailles.
Un obus a creusé ce grand trou sur son tronc, Ses flancs sont allourdis par les balles de plomb, La bataille a duré de l’aube au crépuscule, Les busards font la fête au pied du monticule.
Les canons se sont tus, les morts ensevelis, L’arbre reste debout, ses membres affaiblis, Il a vu s’évanouir l’âge de l’innocence, C’est son temps d’accueillir l’ouragan qui s’avance.