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Christian CALLY

Critique sur ''La Mort du Loup'' de Vigny.

En choisisant le loup comme animal tragique,
Tu décris cette mort de façon ossianique,
Un décor si poignant, encadre ce récit,
Si plein de sentiments, vêtu d’un noble habit.

Pourtant, je suis blessé par ton noir pessimisme,
Qui couronne le loup pour son grand stoïcisme,
Un malaise puissant, en lisant certains vers,
Envahit tout mon coeur, et l’enchaîne de fers.

Depuis l’aube des temps musiciens et poètes,
Ont fait un hymne aux pleurs des héros, des ascètes;
Non, mon ami, gémir n’est pas déshonorant,
Pleurer c’est un honneur qui rend l’homme endurant.

Un loup peut bien mourir en stoïque silence,
Mais un homme a le verbe, une âme et l’éloquence;
Peut-il garder en lui ses fortes émotions,
Sans trahir jusqu’au fond ses intimes passions?

C’est beau « La Mort du Loup » c’est grand et c’est sublime,
Mais nous sommes humains et pas des loups qu’on mime.
Poète, tu trahis ton rôle de meneur,
Tu trompes les esprits, tu te montres sans-coeur.

Jamais je n’admettrai ton credo qui me blesse,
« Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse »
C’est une absurdité de souffrir sans parler;
Il faut laisser aux pleurs l’honneur de déferler.

Les malheurs ont aigri ton âme magnanime,
Tu rougis, car tes yeux, qu’un fier regard anime,
Ont jadis déversé des pleurs brûlants, amers,
Tu veux durcir nos coeurs par ces stoïques vers?

Cherche dans la nature un endroit qui te berce,
Poète, sois un homme et pas un loup qu’on perce,
Laisse parler ton coeur lorsque ton âme geint
Ecris sous sa dictée, accepte qu’il se plaint.

Enfermé dans ta tour tu revêts ton armure,
Le fer te fait trembler et fait trembler ta hure,
Comme Welf, dans son fort, tu retranches tes jours;
Poète, redeviens digne de ton parcours.

Sous ta plume de maître étale ta souffrance,
Donne à tes larmes l’encre et répands l’espérance
A ceux que tes beaux vers ont fait verser des pleurs,
Pour cette mort du loup, sous les coups des chasseurs.

Comme toi j’ai souffert, j’ai traversé des crises,
Mon coeur en est marri par beaucoup d’heures grises,
Et j’ai pleuré sans honte, et même avec orgueil ;
Mes larmes empliront, jusquau bord, mon cercueil.