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Charly LELLOUCHE

Portraits : Monsieur l'Agent

Une bonne soirée, vous revenez serein
Avec, à vos côtés, une amie détendue,
On prend un dernier pot, parlant de tout, de rien,
On chante ou on raconte, histoire décousue.

Boulevard St Germain, en ce Quartier Latin
De tant de souvenirs de mes années d'études,
Il fait doux cette nuit, deux heures du matin,
Je conduis, on papote, on rit des certitudes.

Et là c'est l'hallali, une voiture double,
Vous recevez alors un rayon lumineux,
Vous dites des fêtards, le regard un peu trouble,
Mais non ça recommence et vous clignez des yeux.

Là vous réalisez qu'ils sont des policiers,
Auto banalisée, c'est la nouvelle mode,
Qu'ai-je donc fait de mal, face à ces justiciers ?
Rien à mon humble avis qui dérange le code.

Avez-vous déjà vu sourire ces messieurs ?
"Deux fois on vous fait signe" éructe le plus moche,
L'autre, à vous faire peur, j'avoue ce n'est pas mieux,
Est porte de prison, on imagine un boche.

Ils ont tous les pouvoir, vous celui de donner,
Vignettes et permis… Un tour de la voiture,
Ça y est, il est heureux et il va vous coincer :
"Votre plaque à l'avant manque un peu de droiture".

Sans lèvres desserrer l'autre à vos papiers.
Là je vois qu'en son fond le sadique jubile,
Il a trouvé la faille et vous êtes étripés :
"Le contrôle technique !" et l'homme est volubile.

"- Ça fait un mois monsieur que vous êtes en retard !"
"-Ah oui ? Ça fait deux ans que j'ai fait ce contrôle ?")
"-Lisez donc un peu mieux !" Plus d'esquive ou de fard,
Il est impitoyable, entre dans sa bagnole.

Et c'est l'éternité, attente du verdict,
Il tend trois papiers en une demi heure,
Il va vous assigner, froid comme du granit,
Deux contraventions, que votre poche en pleure,

Plus de cent trente Euros à régler sous trois jours,
Car ce sont les "cas bis", lire la petite ligne !
Bien sûr pas de délais, comble à mes désamours,
Saisie de carte grise, huit jours où l'on m'assigne.

Et vous voilà parti pour le plus grand parcours,
Au détriment du job et de votre dimanche,
A vérifier le phare et la roue de secours,
Et aller au garage ou retrousser sa manche.

Merci monsieur l'agent, j'ai aimé vous croiser,
Vous faites le métier qui au moins vous amuse,
Vous nous avez gâchés une soirée d'été,
Mais chut, de vous à moi, je préfère ma muse.