Grondement d'orage, Sébastien Sellam
        
En grondement de rage et bruissement d'orage,
Je veux crier ma peine en mort d'adolescent,
Un prénom Sébastien, il avait juste l'âge,
D'un rêve d'avenir, parti évanescent.
Je ne l'ai pas connu mais j'ai vu son visage,
Un casque et un micro, des disques et sa musique,
Il avait dans ses yeux la quiétude d'un page,
DJ de son métier, on le disait magique.
Il faisait paraît-il dans les boites à la mode
Danser jusqu'au matin les jeunes de Paris,
Mais le racisme est là et quand sournois il rode,
Son voisin vient et crie "Juif, toi tu réussis !"
C'est pourtant son "ami", nés de la même enfance,
Le premier, Sébastien et de son nom Sellam,
L'autre a prénom Adel, la seule différence,
C'est que l'un est hébreu, l'autre né dans l'Islam.
Mais voilà les "copains", "la cité", on le monte,
"Il est bien mieux le feuj", "Et toi pas d'avenir",
Alors ce mercredi, dans la nuit et sans honte,
Il l'amène au parking et là le fait périr.
Chaque coup de sa lame et le corps qui sursaute,
Car il a dû crier "arrête tu fais mal",
Mais le fou a tué son voisin et "son pote",
La tombe se referme et plus jamais de bal.
Il venait, il y a peu, d'avoir perdu son père,
On me l'a dit gentil, Sébastien le DJ,
J'entends les hurlements que pousse encor sa mère, 
Et son corps si vivant en silence ici gît.
Mais non ne pleure plus, tends l'oreille et écoute,
Là-haut c'est une fête et j'ai l'invitation,
On a ouvert le ciel, on a tracé la route,
DJ Lam C voulait retourner à Sion.
Jérusalem d'en haut et même le Messie,
Attendaient sa platine et ses microsillons,
Pour que soit abolie cette voyoucratie
Et que l'amour enfin "abreuve nos sillons".
29 Novembre 2003
Ces deux dernières années, déjà en 2003, il y a eu des centaines d'actes anti-juifs en France et nous nous disions "jusqu'à quand, jusqu'à un meurtre ?"
Ce temps est arrivé, dans la nuit du mercredi 19 novembre 2003 !