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Catherine GRAND

La solitude des sœurs Bronte


«LA SOLITUDE DES SOEURS BRONTÉ»

Je porte en moi
La solitude
Des soeurs Bronté
Celle que l'on ne trouve
Que dans les poèmes
Celle qui ne se survit
Que dans les romans.

De là lande sauvage
Du Yorshire
Aux hauts du hurlevent,
La solitude des sœurs Bronté
Comme un ciel de traîne
Coule en mes veines
Se délie en dedans.

A la lumière des réverbères
De là vieille Angleterre,
Aux paysages lunaires
Balayés de flux violents,
La solitude des sœurs Bronté
Plantée en moi
Tel un dolmen
Comme un repli en dedans

Celle de Jane Eyre
Inventant un monde imaginaire
Où la pièce à vivre
De mousse et de lichens
Est un théâtre ambulant

Celle de Charlotte, où d'Emily
Leurs plumes aux vents
De mitaines noircies
A l'encre des Revenants,
Se déversent inlassablement
Agréable bohème,
Leurs plumes,
Survolant la plaine,
Comme une ride sur l'étang.

Converser, où là belle demeure
En quelques contrées Hautaines,
Et sentir gronder sur là grève
Sur là rive lointaine,
La fureur de l'océan.

Respirer l'odeur de la terre
De là pierre, de l'encens,
De l'herbe coupée
S'enivrer intensément,
Respirer les sels corsetés
De muscs et de lierre,
Se griser de là salsepareille
Fleur parfumée de miel,
Au coeur d'un hiver malséant

De missives contemplatives
Garnir cet herbier assoupi,
Dissiper peurs, et toutes pleines
Morsures de l'absent
Où l'extase suprême
Aux odes des âmes évanouies,
En stances, comme en rêves
Ne s'en vient qu'après minuit.

Et puis se considérer
A là fenêtre, dès l'aube
Femme de marin
Dans là tempête.
Pensive et solitaire,
Baignée de larmes solaire
Dès le matin.

Égrenant aux voiles
Des terribles gréements,
Les dernières lettres d'amour Fraternelles,
Sans éternels retours,
Et sans amants.

La solitude des sœurs Bronté
Celle que l'on ne trouve
Que dans les poèmes
Celle qui ne se survit
Que dans les romans

Coule en mes veines
Les nuits de veille
Prenant son écume,
Aux filles de l'air
Qui se délitent et se diluent
En bord de mer, où dans les Nues

Oniriques écrivaines
Disparues en leurs sables
Mouvants.
Les soeurs Bronté
Au vol des engoulevent.