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Catherine GRAND

JE PANSE


Je panse
Tes absences
Je panse
Sur le chemin
Les lendemains

Incertains
Les pansements
Qui se décollent avec de l'eau
Les jambes de bois
Les placebos

Je panse
Les mois d'avril,
Noctambule sur le fil
La fille Mercurochrome
Aux genoux écorchés

Je panse
Pense-bête,
Mots fléchés,
Autoroute du soleil
Bison futé.

Je panse
Les trous de mémoire
Profonds comme des cratères
Je panse
Aux alinéas de naguère
Aux mots dans la marge
Mémo board,
Apathique l'homme de ma vie
Que sera sera
Watt will be, will be

Je panse
Le sens du temps,
Les jours fériés,
Les couvre-feu,
L'horoscope journalier
Du dernier confinement,
Je panse autrement.

Les routes en lacets
Dépassent les mille bornes
Le macadam, le bitume
Les vaches dans le pré

A pleins poumons
Une odeur de goudron acre
Se respire parfois,
Je vole dans les plumes
De l'oreiller
Je panse
Les rêves de Morphee

Je panse
Les virages,
Les bas-côté,
Les pique-niques
Dans les blés,
Ça s'est déjà fait !

Je panse
A la rustine
De la dernière crevaison,
Au mal des transport
Dix ans durant

Peu importe

Je panse
La frontière,
Ou le fossé.

Ce n'est pas la destination
Qui fait le voyage
Mais le chemin parcouru

Je panse
Longue, longue vue
Vue à 90 degrés
Sur la liberté !

Vaccinée
Des passeports,
Des pannes de sens,
Des limitations de vitesse.

Recherche de l'ivresse
Celle des hauteurs
Un lion dans le moteur

Je panse
Au code,
A la conduite,
Celle, des jours trépassés
Au salaire de la peur.

Plein de super,
Piqûre de gas-oil,
Je panse
Mon père
Qui est ailleurs,
Mais qui fait route avec moi
À l'heure
Où les routiers sont sympas

Je panse
Aux pansements
Forcément
Qui se décollent
Avec de la menthe à l'eau,

Aux jambes de bois,
Les placebos
De la dame blanche.
l'homme de ma vie
Fantôme
Apathique à nos idéaux
Ce quidam, ce héros.

Je panse
Les marches arrières de nuit
Les créneaux en pentes douces
Road-movies
Et places handicapées,
Je joue au volant
Sur une plage en été.

De la vignette, du triangle
Je panse
La ligne blanche
Que je n'ai pas mordue,
Le feu rouge
Que je n'ai pas grillé

J'ai ralenti à chaque radar
C'est mon constat,
Mon carnet de bord,
Il reste encore une place
A l'arrière
A l'amiable pour les remords.

Je panse
Auto-stop,
Aire d'autoroute
Une route peut en cacher une autre.

Carburant, kawa,
Coupé sport,
Pression des pneus,
Et ça repart !
Pour le pèlerinage,
L'expédition,
Le hasard,
Le périple ascension.

Si le rétroviseur est plus petit
Que le pare-brise
C'est que l'avenir, gamine
Se prend De face,
De plein fouet,
Idem, quand le passé
Met son clignotant
Pour te dépasser.

Tu as beau avoir
Bouclé la ceinture de sécurité,
Gonflé ton airbag,
Serré à droite.

Après l'impact
Au passage à niveau,
La glissière à morflé.

Ce fût comme un éclair
Plusieurs voies sans issues
Arrêt cardiaque
Joli carton !
Le stop !
De trop
A quoi bon.

Je panse
A tout cela
Tu vois
Des mois durant...
Les années au compteur,
Entre des haltes intérieures
Et des sautes d'humeurs.

Je panse
Les kilomètres
Qui me séparent de toi
En amnésie du sud.
Dans ce pays,
Où tes souvenirs ont trente ans
D'âge.
Où la jeunesse éternelle
Avec la dernière brise d'avril
S'est figée,
Où l'on parle avé l'accent,
Celui, des miraculés après accident.

Je panse
Donc je suis
Je pense
Que tu m'attends
Quelque part,
D'un voyage au bout de la nuit.

Que sera sera
L'homme de ma vie
Évanoui
Entre deux rives,
Gît, entre là France, et l'Amnésie.

Que sera sera
Je pense
C'est où l'Amnésie ?
Watt will be, will be